André TROCME – le protecteur des Juifs
Né en 1901, André Trocmé était devenu non violent pendant la première guerre mondiale. Adolescent, il avait rencontré un soldat allemand qui ne portait jamais d'armes : sa conscience lui interdisait de tuer.
Au cours de la deuxième guerre mondiale André et son épouse Martha et leurs enfants vient au Chambon-sur-Lignon. Il est pasteur de ce village de Haute-Loire peuplé en majorité de descendants d'Huguenots (protestants).
Au cours de l 'hiver 1940-1941 quelqu'un frappe à la porte du presbytère, c'est une femme affamée et frigorifiée qui demande l'asile. Cette femme est en fait la première réfugiée juive qu'accueillera la famille Trocmé. C'est le début d'une grande aventure où beaucoup de villageois risqueront leurs vies pour cacher et protéger des enfants, des jeunes et d'autres personnes qui n'avaient comme seul tort que celui d'être juifs.
Peu à peu le collège cévenol fondé par André Trocmé se remplit de jeunes réfugiés juifs. Le pasteur et son épouse entraînent derrière eux la plupart des villageois. Beaucoup de foyers et de fermes isolés deviennent des pensions de famille pour ces jeunes. Le réseau de résistance non violente est bien organisé. Lorsque des gendarmes ou les policiers viennent enquêter, le plus souvent, tout ce monde est déjà caché dans la montagne. Lorsque le danger est écarté les villageois chantent pour avertir ceux qui sont cachés.
Quand les autorités demandent au pasteur où sont les juifs, celui-ci répond qu'il ne sait pas ce que c'est un juif, qu'il ne connait que des êtres humains. Il affirme aussi que ces personnes sont venues demander sa protection et qu'un berger n'abandonne pas son troupeau.
Au cours de l'été 1942, le ministre de la jeunesse du gouvernement de Vichy vient faire une visite officielle. Mais il n'est pas accueilli comme se doit un ministre. Les grands élèves du collège lui remettent une lettre de protestation au sujet de l'événement qui s'est passé peu de temps auparavant au Vélodrome d'Hivers à Paris. La police française sur l'ordre des occupants allemands avait enfermés les juifs étrangers de la région parisienne, il y avait parmi eux plus de quatre mille enfants. Ils étaient là en attente d'être embarqués dans des trains de marchandise en direction de l'Allemagne.
Le pasteur encourage ses paroissiens avec des textes de la Bible comme celui de Matthieu 25.35 et suivant : "J'ai eu faim, dit Jésus au jugement dernier, et vous m'avez donné à manger, j'étais étranger et vous m'avez accueilli..."
Beaucoup de menaces leurs sont adressées mais le pasteur exhorte à répondre à la violence "par les armes de l'Esprit“ (paix, joie, amour, bonté, patience, maitrise de soi, fidélité...) André sera arrêté en février 1943 avec deux de ses équipiers. Pour les saluer, les voisins entonnent le célèbre hymne de Martin Luther: "c'est un rempart que notre Dieu". Malgré leur refus de signer une déclaration d'obéissance au régime de Vichy, les trois hommes seront rapidement libérés. Ils ont trop d'influence sur les autres détenus du camp où on les a internés.
Le pasteur plein d'énergie et de foi va réussir à mobiliser autour de lui tout un ensemble d'organisations. Plusieurs couvents et monastères catholiques des environs serviront aussi de refuges et de relais vers la route pour la Suisse. Environs 5 000 juifs seront sauvés grâce à cette action.
Sur la tombe du pasteur on peut trouver cette parole du Nouveau Testament : "la paix de Dieu surpasse toute intelligence".
"Ce que vous avez fait à l'un des plus petits de mes frères, dit Jésus, c'est à moi que vous l'avez fait"
Matthieu 25. 40