Eglise Protestante Unie de France (EPUdF)

 

L'Église protestante unie de France est née de l'union de l'Église évangélique luthérienne de France (EELF) et de l'Église réformée de France (ERF) en 2012, suite aux synodes conjoints de Belfort.

Ce processus d’union, sans sécession marginale, est une première parmi les protestants de France. Il manifeste une ouverture qui tranche avec les raidissements identitaires, notamment religieux et observés dans tous les cultes, induits par la globalisation. Il est le signe d’une dynamique réelle. Pour ces trois raisons, des observateurs historiens et sociologues ont qualifié la création de l’Église protestante unie de France d’événement historique.

Repères historiques

En France, la Réforme protestante a une double source :

  • humaniste (Cercle de Meaux, Lefèvre d’Etaples…),
  • luthérienne et réformée (Guillaume Farel, Martin Bucer…).

La synthèse et la structuration de l’Église est due à Jean Calvin (1509-1564).

L’Église réformée de France (ERF) est la première Église protestante de France. 1er synode national : 1559.

Principales périodes :

1520 – 1598 Édit de Nantes - L’essor conflictuel

Favorisées par le climat de liberté intellectuelle de la Renaissance, les idées de Luther et de Zwingli pénètrent en France ; le Noyonnais Jean Calvin (1509-1564) les approfondit et en propose un exposé systématique dans " l'Institution de la Religion Chrétienne " (1536). Exilé à Genève, il accompagne le développement des Églises réformées qui rassemblent à leur apogée 15 à 20 % des Français. Les Guerres de Religion (1562-1598) opposent les catholiques et les protestants dans des affrontements sanglants (massacres de la Saint-Barthélémy en 1572). Malgré la victoire du chef protestant Henri de Navarre – le futur Henri IV – le courant réformé est amoindri et restera très minoritaire.

1598 – 1685 Révocation - Le statu quo menaçant

L'Édit de Nantes promulgué par Henri IV (converti au catholicisme) est un compromis garantissant à la minorité protestante des droits politiques et militaires, tout en la privant de toute possibilité d'expansion religieuse. Les rois Louis XIII et surtout Louis XIV entameront les libertés protestantes, avant de déclencher de féroces persécutions (" les dragonnades ") : les protestants abjurent en masse et Louis XIV en tire prétexte pour révoquer l'Édit de Nantes (1685).

1685 – 1787 Édit de tolérance - La clandestinité persécutée

C'est la période la plus sombre du protestantisme français : le culte est interdit, les temples rasés, les pasteurs emprisonnés ou exécutés. 200 000 protestants choisissent l'exil dans les pays voisins (Europe du Refuge) ; dans les Cévennes, la révolte des Camisards est une aventure héroïque sans lendemain. Entre soumission apparente et clandestinité (" culte au Désert" ), une poignée de fidèles maintiennent la flamme du protestantisme. Progressivement, l'influence des idées des Lumières atténue les persécutions : " toléré " administrativement en 1787, le protestantisme français ne retrouve sa liberté qu'en 1789.

1787 – 1905 L’existence reconnue mais surveillée

" Les Articles Organiques " de 1802 réorganisent les Églises réformées et luthériennes (surtout en Alsace et au Pays de Montbéliard). Bien réinsérés dans la société française, les notables protestants participent activement à son développement économique et social ; plus à la base, un mouvement de Réveil spirituel ranime et réévangélise mais les divisions entre " orthodoxes " (restés strictement fidèles aux Réformateurs) et " libéraux " (plus modernistes) séparent les Églises.

Depuis 1905 Une famille spirituelle comme les autres

Acquis de longue date aux principes de la laïcité, le protestantisme accepte la Séparation des Églises et de l'État (1905) et s'organise au sein de la Fédération Protestante de France. Les familles réformées s'unissent presque toutes en 1938 autour d'une Déclaration de Foi commune, constitutive de l'Église Réformée de France.

L’Église évangélique luthérienne de France (EELF) est principalement implantée dans le pays de Montbéliard et à Paris. Dans le Pays de Montbéliard, le protestantisme est depuis l’origine luthérien d’identité et réformé de théologie ; son histoire l’a lié au Duché de Würtemberg. A Paris, l’Église luthérienne est issue des assemblées qui se réunissaient dans des ambassades de pays luthériens dès le XVIIème siècle et s’est beaucoup renforcée avec les réfugiés alsaciens de 1870.

Un processus d’union qualifié d’«historique»

Historiquement, luthériens et réformés se sont principalement opposés sur la compréhension de la sainte cène (= repas du Seigneur, eucharistie). Ils se sont aussi distingués sur le rapport à l’autorité politique, l’articulation de l’éthique et de la foi, la liturgie, etc.

Des efforts d’unité ont été menés depuis 1529. L’évolution décisive est venue au XXème siècle, avec le

mouvement œcuménique. Né en 1910 à l’occasion de la conférence missionnaire d’Edimbourg, ce mouvement a pris son ampleur avec la fondation du Conseil œcuménique des Eglises (1948), puis le dialogue interconfessionnel rendu possible par le concile Vatican II (1962). Sur le plan luthéro-réformé, la déclaration de Barmen (1934) dénonçant théologiquement le nazisme et la Concorde de Leuenberg

(1973), accord liant des dizaines d’Eglises protestantes en Europe, ont été des étapes marquantes vers l’unité.

Pour les protestants luthéro-réformés, cette unité est comprise comme une « diversité réconciliée » : dès lors que le consensus est acquis sur ce qui est au cœur de l’Evangile et de la vie de l’Eglise (l’amour inconditionnel et libérateur de Dieu est premier, les chrétiens sont appelés à en témoigner en Eglise), toutes les diversités sont positivement reçues. L’union n’est donc ni l’uniformité, ni la fusion-absorption.

Ce processus d’union, sans sécessions marginales, est une première parmi les protestants de France. Il manifeste une ouverture qui tranche avec les raidissements identitaires, notamment religieux et observés dans tous les cultes, induits par la globalisation. Il est le signe d’une dynamique réelle. Pour ces trois raisons, des observateurs historiens et sociologues ont qualifié la création de l’Eglise protestante unie de France d’événement historique.

Un fonctionnement ouvert et participatif

Repères numériques

L’ERF représente environ 90 % et l’EELF environ 10 % de la nouvelle Église protestante unie de France.

2 facultés de théologie (Paris et Montpellier) réunies au sein de l’Institut protestant de théologie

450 pasteurs

470 associations cultuelles locales pour 1 000 lieux de culte

1 000 dirigeants Pasteurs (pasteurs proprement dits, enseignants en théologie, biblistes, etc.) et laïcs (présidents de conseils élus)

10 000 responsables Membres des conseils, chargés de responsabilité paroissiale

110 000 personnes engagées « forces vives » Donateurs réguliers, militants, etc.

250 000 participants à la vie de l’Église

400 000 personnes font appel au ministère de l'Église protestante unie

Un fonctionnement par conseils et assemblées

Considérant que Jésus-Christ est le seul chef de l’Église et que son autorité n’est déléguée à personne, l’Église protestante unie est organisée selon un régime dit « presbytérien-synodal », qui cherche à favoriser la collégialité, la délégation, la rotation des mandats, le débat.

Les paroisses ou Églises locales sont constituées en associations cultuelles, dirigées par un comité directeur appelé conseil presbytéral, élu en assemblée générale pour 4 ans.

Les 10 régions réunissent chaque année à l’automne un synode (40 à 200 personnes selon l’importance de la région), où seuls votent les délégués, pasteurs et laïcs, désignés par les associations cultuelles.

Le synode national se réunit chaque année, rassemblant quelques 200 personnes. Seuls les délégués, pasteurs et laïcs) des associations cultuelles désignés par les synodes régionaux ont le droit de vote. Le synode national est le gouvernement de l’Église protestante unie de France ; entre deux sessions, il est représenté par le conseil national (20 membres élus, pasteurs et laïcs).

Des finances transparentes

Les ressources de l’ Eglise protestante unie proviennent exclusivement des dons de ses membres. Le don moyen s’élève à environ 500 € par an. Le budget consolidé est de l’ordre de 27 M€. Des procédures de contrôle et de certification existent aux plans local, régional et national.

Des pasteurs aux profils diversifiés

Les pasteurs bénéficient d’une formation initiale universitaire au moins du niveau du Master.

Le nombre de pasteurs au service de l’Eglise protestante unie est stable. Une douzaine entrent à son service chaque année. Un tiers des pasteurs sont des femmes (proportion en croissance). Un cinquième sont de nationalité étrangère (Suisse, Allemagne, Pays-Bas, Angleterre, Corée, Etats-Unis, etc.). Un nombre croissant d’entre eux n’ont pas grandi dans le protestantisme, mais le rejoignent à l’âge adulte ; de même, nombreux sont ceux qui ont eu une carrière professionnelle avant de s’engager dans le ministère.

Un positionnement dans le dialogue

Conviction et tolérance

L’ Eglise protestante unie de France

- se considère comme un des multiples visages de l’unique Église du Christ :

elle est pluraliste et œcuménique,

- accueille en son sein toute personne qui confesse que « Jésus-Christ est le Seigneur » :

elle est ouverte,

- a pour raison de partager l’Évangile :

elle se veut confessante et missionnaire,

- appelle chacun à s’engager de manière responsable et solidaire avec les autres.

Par choix théologique et expérience historique, elle promeut l’autonomie du politique et l’engagement citoyen laïque. Certains de ses membres ont d’ailleurs activement participé à la préparation et même à la rédaction de la loi de séparation de 1905. En même temps, elle est attachée à ce que toutes les familles de pensée, y compris religieuses, puissent s’exprimer dans le débat public sur le vivre-ensemble et donc à ce que les convictions religieuses ne soient pas confinées à la sphère privée. Les protestants se comprennent volontiers comme des croyants laïques.

L’Église protestante unie est très attachée au dialogue œcuménique, interreligieux et avec la culture.

 

 

Des réseaux et partenariats multiples

Première composante du protestantisme français, l’Eglise protestante unie (autrefois l’ERF et l’EELF) est cofondatrice de la Fédération protestante de France, en 1906.

Elle est présente au sein du Conseil d’Eglises chrétiennes en France (Cecef), de la Conférence des responsables de culte en France (CRCF), etc.

De très nombreuses œuvres sociales ont pris naissance en son sein et, quoique distinctes sur un plan juridique, demeurent en lien institutionnel et de collaboration avec elle.

Les relations internationales ont toujours été un élément important de la vie de l’Eglise protestante unie. Elle est en relation bilatérale avec une cinquantaine d’Eglises dans le monde, membre de 8 organismes européens, multicontinentaux ou mondiaux. Elle est cofondatrice du Conseil œcuménique des Eglises.

 

 

Des débats de fond

L’Eglise protestante unie rythme ses travaux institutionnels avec des débats de fond, en fonction de sa propre réflexion ou en lien avec des sujets de société.

Ainsi : la Diaconie (action sociale ou engagement matériel de l'église dans la société) (2010), Parentalité et famille (2007), Confesser Jésus-Christ dans une société laïque (2005), Eglise et homosexualité (2002), Les rites et les sacrements (2000), Les étrangers (1998), …



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