Les protestants et les saints, les
protestants et le culte d’enterrement
Qu’en est-il des protestants et de la fête des saints ?
- Il y a d’abord une confusion dans nos esprits entre la Toussaint avec la journée de prière pour les
défunts établie vers l’an 1000 et qui a été malencontreusement placée le 2
novembre. Pour beaucoup la Fête
de tous les Saints est devenue la fête des morts. C’est le 1er
novembre que l’on fleurit les tombes et les protestants le font tout comme les
catholiques et aussi les non-chrétiens. Cette année, le 31 octobre, qui est un
dimanche, les protestants célèbrent la fête dite de la réformation. Placée
entre ce dimanche et le jour des défunts, la fête de tous les Saints est
presque totalement ignorée.
- une deuxième raison invoquée par
les protestants pour bouder la Fête de tous les saints c’est que, non seulement, nous ne
prions pas les Saints, mais que nous
proclamons qu’Un Seul est Saint, c’est le Dieu trois fois saint, le Père,
le Fils et l’Esprit. Une des lectures bibliques proposée pour la toussaint est
le chapitre 7 de l’Apocalypse qui parle d’une foule immense de toutes les
nations, races, peuples et langues, debout devant le trône de Dieu, foule
immense assurément plus nombreuse que les saints du calendrier.
- Souvent nous récitons au culte le
Credo appelé aussi Symbole des Apôtres. Dans la troisième partie du Credo, qui
parle de notre foi au Saint-Esprit, nous trouvons la mention : « je crois à la communion des saints ».
Avec
quels saints nous réclamons-nous en communion ? Qui sont les saints ? Pour le protestant, ce sont les chrétiens, comme Paul le dit dans ses
lettres : « à tous les saints qui sont à Philippes » Ph1/1. Les
saints sont les croyants, les chrétiens, les fidèles dans l’Eglise. Les mots
« saints » et « chrétiens » sont donc équivalents : le
disciple du Christ est un saint du Christ. Il est vrai qu’on peut lire dans le Nouveau testament « les saints anges » (Mc 8/38, Apo
14/10), les « saints prophètes » (Lc 1/70, actes 3/21, 2 Pi 3/2) les
saints apôtres et prophètes (Eph 3/5, Apo 16/6, Apo 18/20). Il est tout à fait
légitime de nommer « saints » ces personnages bibliques ainsi que les
auteurs des livres du Nouveau Testament ( par ex St Paul) et même les Pères de
l’Eglise ancienne (par ex Saint Augustin), à condition de ne pas les considérer
comme des intermédiaires entre Dieu et nous, ni comme des médiateurs dans nos
prières.
La
« communion des saints » souligne alors l’unité de l’Eglise à travers
les générations.
Les
protestants ne prient donc pas pour les morts. Nous sommes sauvés, libérés
par le pardon de Dieu, nous le recevons par la foi en Jésus-Christ. Ce salut et
cette réconciliation avec Dieu se font par notre foi en Christ. Notre vie de
ressuscité commence déjà ici bas avec Jésus. Il a déjà remporté la victoire ; à
nous de vivre ce combat par la foi et par l’Eglise. Rappelons-nous que L’Eglise
ne prêche pas : « vous serez
sauvés si vous et vos proches vous comportez assez bien pour le mériter ».
Par
la foi, le salut n’est plus un problème, et la mort non plus, par
conséquent. La relation du protestant au
salut le libère de toute relation problématique à la mort, sa mort comme la
mort de l’autre. Cela n’empêche pas de vivre le deuil et la séparation
avec la peine et la souffrance.
Les
protestants ne demandent pas « d’aide » aux morts. Ce qui
concerne « après la mort » ne concerne pas les vivants. La Bible dit de ceux qui sont
morts : ils sont en Dieu, ils sont au repos, ils dorment, ils attendent la
résurrection. Ils ne sont pas là pour nous aider. Seul Jésus prie et intercède
pour nous aider. D’ailleurs, la Bible met en garde contre toute recherche de relation avec
les morts et toute prétention à influer sur leur situation (Lv 20/6, Dt
18/10-12).
Le rôle du service
funèbre protestant ?
Pour toutes ces raisons, lors du service funèbres, les
protestants ne prieront pas pour le mort, et plus encore s’abstiendront de
toute parole qui lui soit directement adressée. La seule prière concernant le
mort sera, au début du service, une prière de confiance envers Dieu, seul
auteur et garant de son salut. Ce qui
est dit lors du culte au sujet du défunt, l’est exclusivement afin de remercier
Dieu pour sa vie et ce qui en a été reçu.
Il fut un temps où dans les églises
protestantes, le corps du défunt était même absent lors du service funèbre. On
ne manifestait ainsi aucun pouvoir de la part des vivants sur le devenir du mort.
Dieu seul est le maitre de la mort ; il est le Tout Puissant et agit comme
il veut. Ne pourrait-on pas revenir à cet usage ? Ne serait-il pas plus
évangélique de procéder d’abord à l’inhumation avant le service funèbre ?
Le
service funèbre consiste à annoncer l’Evangile aux familles en deuil :
-
par l’annonce du salut par la foi,
on rappelle la victoire sur la mort
et on transmet la source de la paix
pour les vivants. Le défunt est sous la bienveillance de Dieu, rien ne peut
être fait en plus !
-
par l’annonce de la venue de Jésus, son
incarnation et sa résurrection, on transmet l’encouragement. Le Christ a pleuré et souffert ; Dieu souffre
aussi avec nous. La résurrection de Jésus
est vraiment notre espérance et la foi notre résurrection.
- l’église
rassemblée manifeste la solidarité
auprès du prochain éprouvé en face du vide du deuil et de l’épreuve qui peut bousculer
la foi.
« Mort,
où est ta Victoire ? Mort, où est ton pouvoir de tuer ? La mort tient
du péché son pouvoir de tuer. Mais loué
soit Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ » La Bible 1 corinthiens 15/55.
Vous
pouvez faire vôtre cette prière de Frédéric Westphal : en mémoire des personnes décédées
Seigneur Dieu,
En Jésus-Christ ressuscité des morts,
Tu m’as donné une espérance vivante
Qui oriente ma vie
Et donne sens même à ma mort.
Je me souviens devant toi
De ceux qui se sont endormis
Dans la foi en ton amour.
Je te rends grâce pour toute bénédiction,
Pour l’amitié que j’ai reçue d’eux,
Pour la paix, la fraternité
Qu’ils m’ont apporté.
Qu’en ta présence,
Ils puisent voir ce qu’ils ont cru.
Que ta parole console et fortifie
Ceux qui sont affligés par leur départ.
Rends nous confiants par la foi en ton Fils
Qui a vaincu la mort.
Merci, Seigneur, de semer ton esprit en nos cœurs.
Merci pour ta parole
Qui éclaire notre route,
Qui éclaire notre mort,
Et sans laquelle nous ne pourrions pas
Garder l’espérance.
Ensemble, vivants et mort,
Nous attendons que ton règne vienne
Selon ta promesse.
« Livre de prières » éd Société Luthérienne 2 novembre p : 369.